Les vides et les pleins, le vivant et l’inerte, La nature et l’artefact. Ces axes sont autant de variables, qui offrent une infinité de combinaisons à découvrir. Chacune d’elle porte son propre langage et à travers nous, son esthétique.
Ma démarche est empirique. L’objectif de mon geste n’est pas d’accéder à un résultat défini à l’avance mais de concevoir un système constructif dans lequel je puisse évoluer. Je veux explorer les possibles, parcourir les différentes ramifications du processus créatif, me laisser guider par la sérendipité du projet et découvrir le Beau, un peu comme on cherche de l’or.
Mannaz [ ᛗ ] est une rune appartenant au vieux Futharq, l’alphabet runique nordique qui précéda les conquêtes vikings et leur ouverture aux civilisations latines. Contrairement aux alphabets contemporains, les 24 runes du Futharq ne représentent pas seulement des sons, ils évoquent des concepts entiers, comme « glace » ou « joie ». On leur prêtait à l’époque une dimension magique et divinatoire et leur maitrise n’était pas offerte à tous.
Au delà du mysticisme dont elles sont inévitablement auréolées, ces runes résument à elles-seules la cosmogonie des peuples nordiques. Toute la compréhension de l’univers d’un peuple ancien est là, construite au fil des générations, rythmée par des hivers sans jour, des étés sans nuit, des feux émeraudes dansant dans le ciel et des montagnes de terre et de glaces unies dans l’océan. Le temps, la matière, la vie; Tout est là, résumé en 24 concepts simples et incarnées en 24 formes. C’est un véritable trésor de poésie et de sagesse.
Le Futhark est pour moi un exemple parfait d’élégance: à la fois fort, de par sa simplicité, et en même temps si subtile, de par la richesse des concepts qu’il évoque. C’est cette valeur, ce concentré sémantique et symbolique dont j’ai voulu m’emparer.
La rune Mannaz signifie « Homme », que je comprends personnellement comme « Humain ». La rune ᛗ m’a donc servi de base. J’ai voulu évoquer le rapport de l’homme à la nature. L’homme qui prend, qui transforme, qui construit, puis qui disparait, tandis que son œuvre, gravée dans la matière, entame un cycle de vie plus long. Il servira les successeurs de son créateur, puis se dégradera jusqu’à l’état de ruine, et dans l’obsolescence, troquera sa valeur utile en valeur poétique, aux yeux des descendants de son créateur. Ces deux cycles de vie, entremêlés, m’amènent à penser que l’homme est son œuvre, et que l’œuvre est son créateur. c’est pour illustrer ce cycle que j’ai refermé la rune et pour en montrer la parfaite harmonie que j’y ai intégré des courbes.
Finalement que cela représente-t-il? Une lame? Une plume? Une silhouette humaine ou un sablier? Elle réprésente tout ça. Elle représente l’humain, ce qu’il prend et ce qu’il apporte.
La forme
Le volume sculpté est résolument euclidien, rationnel. Il se dresse, s’inscrivant dans la verticalité en réponse à la gravité, et Il compte 3 faces latérales, solution minimale pour créer un volume. D’après moi, le prisme est ainsi la réponse la plus juste et la plus élégante à la problématique de la forme. Il mesure 120cm de haut par 13 cm de large. Le matériau est issu d’une bille massive de noyer dont le veinage ondule, nous rappelant son origine vivante. Ses trois faces arborent la rune, et la montrent dans tous directions possibles, quelque soit le contexte. Puis la lumière embrase le symbole et lui donne vie, de sorte que Forme, symbole et lumière répondent ensemble en un tout cohérent.
Cette série traite de la question de l’artifice. Le volume est simple, le matériau vivant. C’est un monolithe issu de la nature, robuste et minimaliste, comme façonné par l’érosion. Puis vient courir sur sa surface la trace de nos actes : Des lignes qui se croisent, qui se courbent, qui se longent. Structurées ou chaotiques, géométriques ou organiques, elles parcourent le volume comme des blessures. Elles sont épaisses ou fines, indépendantes et conflictuelles ou solidaires au sein d’un plus grand dess[e]in. Toutes sont différentes et cependant unies par cette même énergie, lumineuse, qui transperce l’ensemble et en exhume la richesse.
La série est composée de huit sculptures. Les gravures parcourent les trois faces rectangulaires ainsi que la face supérieure. Sous la base de chaque œuvre est gravée le logo de l’atelier ainsi qu’un numéro indiquant l’ordre de fabrication.
La sculpture mesure 35 cm de haut par 12cm de large, pour un poids de XXX grammes. Elle est alimentée par le courant domestique et produit une luminosité de 1500 lumen au total. Un interrupteur est situé sur le cordon pour plus de facilité. La base peut être retirée afin de remplacer l’ampoule LED e14 au centre du volume.
Le bois utilisé est certifié PEFC et les composants électriques sont certifiés CE.